— bend the knee. (megarion)

bend the knee. — @megara okeanos
L’air se veut lourd alors qu’ils avancent, passant la frontière du nouvel Empire et qu’ils atterrissent  devant les remparts de Knossos. L’Adastreia se pose fièrement, arborant leurs voiles blanches marquées d'un pégase noir, laissant les gens s’agglutiner sur les remparts de la ville. A peine ont-ils mis pieds à terre que des habitants les pointent du doigts, avec des expressions variées, et des enfants semblent émerveillés par ce navire pirate qui vient de se poser sur leurs terres. Le regard perdu, vagabondant de visage en visage, il sent le poids de ces années oubliées le rattraper. Ces années commencent à resurgir, à peser sur ses épaules, alors qu’il pose les pieds sur le sol de la nouvelle Impératrice d’Atlantis. Megara Okeanos. Il ne sait réellement ce qu’il pense d’elle, même si il ne cesse de rabâcher qu’il ne l’apprécie guère et qu’ils ne sont jamais entendu. Et peut être qu’ils ne s’entendront jamais. Ou peut-être que si, parce qu’en vérité, c’est l’ancien Hyperion qui la détestait. Il redoutait plus que tout d’être confronté à elle, leur dernière entrevue n’étant pas des meilleures. Sans doute était-ce l’un des pires moments de son ancienne vie, l’un des moments clefs qui lui avait fait ouvrir les yeux sur la personne qu’il était. Il aurait du la remercier, lui dire que c’était en partie grâce à elle qu’il avait pu devenir la personne qu’il est aujourd’hui, mais il était beaucoup trop fier, Hypérion. Une flopée de gardes impériaux le ramènent à la réalité, et les prunelles bleutées du capitaine les regardent surgir des remparts pour venir encercler le navire, certains brandissant leurs tridents et d'autres des pics de glace qu'ils forment instantanément à l'aide de petites gourdes. « Plus un geste, pirates. » Les mains se lèvent pour scander leur fausse innocence, alors que les prunelles bleutées du capitaine se posent sur l’homme qui à l’air de commander les autres soldats. « Vous venez de pénétrer sur les terres du nouvel Empire sans y avoir été autorisé. Qu’avez-vous à dire pour justifier votre présence ? » L’air dédaigneux et hautain du commandant rend l’atmosphère lourde, pesante. Seuls les murmures de la foule brisent le silence qui pèse sur chacun des pirates. Il se place devant ses hommes, montrant ainsi sa posture de Capitaine. Il ne baisse pas les yeux, Hyperion, il reste stoïque, réfléchissant à toute vitesse. Aucune raison valable ne lui vient, si ce n’est le faux prétexte qu’il a donné à son équipage pour se rendre à Knossos, mais ce n’est pas avec les gardes qu’il veut en discuter. Il fronce les sourcils, alors qu’un soldat obéit au simple mouvement de tête du commandant, lui indiquant de nouer les mains des pirates dans leurs dos. « Je ne me justifierai que devant l’Impératrice. » Un rire moqueur s’échappe des lippes du commandant, alors qu’il s’approche un peu plus près du capitaine de l’Adastreia. « Et pourquoi t’emmènerions-nous voir l'Impératrice ? Elle n’a que faire de vos magouilles de pirates. » Une grimace fend son visage lorsqu’il prononce le titre de Megara. Une sensation étrange l’envahit, alors qu’il la connu lorsqu’elle n’avait pas ce titre, alors qu’il s’est battu avec elle. Mais cette grimace est rapidement effacée par un petit rire, moqueur qui s’échappe de ses lippes. « Dites lui qu’Hyperion Stavros souhaite s’entretenir avec elle. » Les mots sont prononcés avec assez d’assurance pour effacer le sourire arrogant du commandant, et pour lui insinuer un petit doute quand à leurs rapports. Les secondes s’écoulent, et le temps de réflexion qu’il s’octroie semble durer une éternité. « Bien. Emmenez celui-ci au palais impérial et restez avec les autres jusqu’à je vous donne l’ordre de partir. » Il sourit du coin des lèvres, en glissant ses yeux sombres dans les iris azurs d’Hyperion, laissant refléter une pointe de moquerie comme si l’idée qu’elle les laisse s’en tirer était complètement absurde. L’un des poids se soulève, disparaît du creux de son estomac lorsque l’un des soldats pointe son trident dans son dos, pour le faire avancer, mais un autre bien plus gros s’y loge. Il va devoir discuter avec Megara Okeanos.

Les lourdes portes du palais impérial ne sont plus qu’à quelques centaines de mètres, mais son attention reste focalisée sur la foule qui se dresse sur leur chemin. Prisonnier par les soldats, il ne peut que regarder les divers visages qui l’observent, qui chuchotent sur leur passage. Mais il n’en a que faire, Hyperion, parce qu’il cherche son visage. Celui de celle pour qui il est réellement à Knossos, et il n’en croit pas ses yeux lorsque ses prunelles croisent enfin ses sombres iris. Il ne peut retenir l’expression qui déforme son air stoïque, sa surprise de la trouver alors qu’il savait qu’il la trouverait ici, cette envie qui illumine ses yeux à l’idée de simplement l’avoir retrouvé. Ses prunelles restent ancrées dans les siennes, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus la regarder. « Alekto.. » murmure-t-il, seulement audible pour les gardes.  « Tais-toi. » crache-t-il, mais c'est à peine si il entend l'ordre. Il la dépasse, et si il tente de tourner la tête pour ne pas perdre ce contact visuel, l’un des gardes le force à regarder droit devant lui les portes du palais impérial. Lieu qui signera sa sentence.

Les portes de la salle du trône s’ouvrent dans un fracas assourdissant, et l’un des gardes le pousse avec les pointes de son trident pour le forcer à avancer. Il n’affiche aucune expression, pourtant il est complètement paniqué à l’idée d’y mettre les pieds pour se retrouver face à l’Impératrice. Il s’efforce d’afficher cet air neutre, alors qu’ils s’enfoncent dans la majestueuse salle du trône. Ses yeux se posent ici et là, et par reflexe, il cherche une issue de secours au cas où les choses tourneraient mal. Il abandonne rapidement, se contentant de fixer un point inexistant devant lui, refusant de poser immédiatement les yeux sur elle. Peut être par fierté, ou peut être par appréhension. Ils se rapprochent du trône, et s’arrêtent en bas des marches de celui-ci. C’est à ce moment qu’il lève enfin les yeux pour les plonger dans ceux de celle qu’il n’aurait jamais cru revoir. Son palpitant loupe un battement, et il se perd un instant dans son regard ambré. Il ne bouge plus, il est complètement figé devant celle qui tient son destin entre ses mains. Il ne parle pas, il se contente de la regarder, et il est bien vite rappeler à l’ordre par l’homme qui se trouve derrière lui. « On s’incline devant son Altesse impériale ! » dit-il, en le forçant à s'agenouiller, à ployer le genou devant celle qui sera peut être un jour son Impératrice.

bend the knee. — @hyperion stavros
Elle s’observe devant la coiffeuse, tandis que les dames de chambre s’affairent derrière elle. Etait-ce à ça qu’aurait aussi ressembler sa vie en Atlantis ? Elle n’aurait pas été impératrice en Atlantis, pas même Reine. Car Atlas aurait survécu. Atlas aurait été celui qui aurait succédé à leur père. Elle fronce les sourcils l’espace d’un instant, tandis que la jeune dame de chambre tire un peu trop fort avec la brosse dans la chevelure de l’Impératrice. « Veuillez m’excuser, votre Altesse. » Meg ne répond qu’un hochement de tête, tandis que la jeune femme y va plus doucement. Elles devaient toutes les deux avoir le même âge, et Megara pouvait discerner dans le regard apeuré de l’élémentaire, qu’elle était aussi envieuse de sa situation. Elle comprenait parfaitement. Mais la jeune dame de chambre ne se doutait absolument pas du stress et du poids qu’elle ressentait désormais sur ses épaules. C’était cependant un stress et un poids, que Megara Okeanos avait toujours désiré obtenir. Elle qui se rêvait avec la couronne du royaume enfoui alors qu’elle n’était qu’une jeune gamine de six ans. C’était-elle attendu à ce que ses responsabilités ressemblent à celles-ci ? Non. Pour autant, elle ne les regrettait pas réellement. Elle voulait avoir plus de temps pour elle, voulait repartir à l’aventure mais.. l’herbe était toujours plus verte à côté, et on se rendait compte des choses que l’on avait, lorsqu’on ne les a plus. Elle passe une main sur sa tempe alors que la couronne impériale est fixée sur sa chevelure désormais coiffée. « Quelle robe souhaitez-vous portez aujourd’hui, votre Altesse ? » Altesse. Elle commençait à être fatiguée d’entendre ce titre, et l’envie de leur crier de l’appeler Megara ne cessait de venir caresser les lippes de l’élémentaire de l’eau. Elle s’en empêchait, encore et encore. « Vous saurez choisir mieux que moi. » répondit-elle simplement, avant de détourner son regard et se concentrer sur le parchemin qui était posé en face d’elle. @Theodora Keraunos, ou devait-elle la nommer Anemos ? Lui avait écrit. La princesse se trouvait désormais en mauvaise posture au sein de la cité royale d’Héraklion. Megara ne pouvait penser aux nombreuses tortures qu’elle avait du affronter, sous la colère du roi Foudre. Elle lui avait enlevé ses chers Anemos, lui avait dérobé nombre de ses terres. Pire encore, elle avait tué son fils héritier – ce qui n’était qu’un mensonge, échafaudé par le culte – et désormais, elle se plaçait au-dessus de lui. Perseus devait garder Théodora comme moyen de pression, et sa fille, qu’elle clamait être la légitime héritière de Phokis par son lien du sang avec l’ancien héritier à la couronne d’Olympos ne devait pas aider. Megara n’avait pas pensé à ce choix, à cette petite Théïa, pour devenir régente de la région de Phokis. Comment le prendrait la chère Anemos faite Keraunos, si Megara décidait d’y placer quelqu’un d’autre ? Phokis n’était cependant pas  encore à l’ordre du jour, c’était Théra qu’elle visait. Théra et les secrets qu’elle abritait. Mais l’Anemos lui forçait la main, et désormais, sa famille voulait la récupérer plus que tout. Elle se tourne enfin vers la robe qu’on lui tend, d’un blanc délicat dont les manches étaient tâchées d’arabesques d’or. Elle appose un merci sur ses lèvres, et l’enfile.

« Nos forces armées se trouvent ici » dit la reine de Pephka en pointant du doigt un endroit sur la carte. « Les soldats sont fatigués, mais un nouveau roulement est prévu d’ici quelques jours. » Elle acquiesce doucement, puis pointe son regard sur Akhilleus, roi de Kos. « Nos espions nous ont rapportés des mouvements au sein de la région de Théra. Les forces des Keraunos ont augmentés sur leurs terres, depuis le mariage entre Hestia et Hélios. » Elle fronce les sourcils. « Je n’ai vu aucun aigle du caucase passé au-dessus de nos têtes, comment s’y prennent-ils pour se rendre en Théra ? La mer près de Koressia, est toujours gelée si je ne m’abuse ? » Le Roi pose son doigt sur la carte. « L’océan ici, ne l’est pas. Ils prennent cette route maritime, plus longue certes, mais elle leur permet d’outrepasser nos défenses. » Elle soupire légèrement, avant de faire le tour de la table. « Quand nos élémentaires de l’eau auront-ils réussis à dégeler les eaux de Pephka ? » Anthéa passe une main sur ses tempes, mimant une réflexion. « Le problème est que, les températures sont si froides qu’à chaque fois qu’ils arrivent à la dégeler, tout semble à nouveau se changer en glace. C’est le souffle d’un dragon qu’il nous faudrait pour réussir à dégeler la mer. » dit-elle sur le ton de l’ironie. Megara l’observe un moment, arque un sourcil, puis se tourne vers Léandros Anemos. « Je veux que vous trouviez de la main d’oeuvre, et que vous taillez des arbres pour construire plus de navires. Si Léandros a besoin de mains, donnez lui des hommes reine Anthéa. Nous devons trouver un moyen de couler ces navires avant qu’ils n’atteignent.. » Quelqu’un pénètre dans la salle en courant. Megara se coupe dans sa phrase et observe le garde impérial. « Majestés, Votre Altesse Impériale. » dit-il en s’inclinant avec hâte. Megara lève la main pour qu’il puisse parler. « Un navire pirate vient de pénétrer nos terres. Son capitaine, demande à vous voir. » Elle fronce les sourcils. « Son navire a remonté les nouveaux fleuves jusqu’à Knossos ? » Il secoue la tête, sentant la foudre de l’Impératrice tomber jusqu’à lui pour l’incompétence de ses soldats. « Non, votre Altesse. Il est arrivé.. Il est arrivé par les cieux. Hypérion Stavros vous demande audience. » Ses yeux s’écarquillent l’espace d’un instant, puis son visage redevient impassible. « Faites le venir. Veuillez disposer, nous reprendrons cette entrevue dans l’après-midi. » dit-elle aux trois régents. Ils s’inclinent, disparaissent et des serviteurs viennent nettoyer la salle du trône. Elle se dirige jusqu’à son trône, croise les jambes et regarde droit devant elle.

Les minutes passent avant qu’enfin, le pirate ne pénètre la salle du trône. Le garde le fait avancer, le force à s’agenouiller lorsqu’il ne le fait pas. Elle l’observe un instant, le visage impassible mais les pensées pleines de réflexion. Etait-ce Alekto qui l’avait poussé à venir jusqu’ici ? Que lui voulait-il ? Leur dernière entrevue, qui datait à quelques années désormais, n’avait pas été faite sous les meilleures hospices. Elle inspire doucement, puis se tourne vers les gardes présents. « Laissez-nous. » dit-elle d’une vois claire. « Mais, votre Altesse, c’est un.. »  Elle pose ses yeux sur le garde qui a osé ouvrir sa bouche. « Il ne me fera aucun mal ; Disposez. » Elle attend qu’il parte, puis se redresse légèrement sur son trône. L’espace d’un instant, elle se perd dans les fontaines qui déversent l’eau dans la salle du trône, se prend à vouloir les manipuler puis se ravise. « Tu as dérangé une réunion de la plus haute importance. Mais j’imagine que c’est dans tes habitudes, de venir déranger à la tranquillité des uns et des autres. » dit-elle, en référence à lorsqu’elle l’avait surprit en train de suivre les insoumis quelques années plus tôt. Elle s’en était alors sortie de justesse, tandis qu’ils s’étaient battus. Aujourd’hui, si les choses venaient à se réitérer, elle doutait que ce soit lui qui gagne. « Ceci dit, cette fois-ci.. tu t’annonces. J’apprécie l’évolution. » dit-elle. « Pourquoi es-tu là, Hypérion ? » De nombreuses pensées défilent dans ses chimères, à nouveau. Elle n’arrivait toujours pas à saisir la raison de la venue de l’être de la foudre.. à moins que.. à moins qu’il ne soit là pour elle. « Oh, tu peux te relever. » dit-elle en levant légèrement la main.