i could keep you safe, they're all afraid of me. — alekrion

— i could keep you safe, they're all afraid of me.Le temps passe et se répète, comme une musique, ou les rimes d’un poème. La mélancolie d’un souvenir, l’inconscience d’un déjà-vu. Le cœur qui bat, trop vite, trop fort, elle descend du Kraken pour trouver la terre ferme. L’air marin souffle dans les cheveux et les yeux se ferment une seconde pour écouter le chant des passants. Elle sent certains regards s’interroger sur sa carcasse et un sourire vient étirer ses lippes. Les paupières se relèvent, la confiance accrochée aux prunelles, elle s’avance finalement pour arpenter les rues de Koressia. Un regard en arrière, elle intime d’un signe de tête à Mavros de se joindre à elle. Le cerbère s’installe à ses côtés pour marcher en cadence, parfois gratifié d’une caresse, il a l’air aussi léger que sa comparse. Pourtant le temps est lourd et l’orage pourrait éclater d’une seconde à l’autre.

Le nez en l’air, à observer tantôt le ciel, tantôt les bâtisses qui s’entassent près du port, Alekto profite du crépuscule et de la nuit qui s’installe. Elle flotte dans le temps, fait virevolter un bracelet du bout des doigts, innocence et insouciance de quelques instants. Mais Mavros s’arrête et l’inquiétude s’empare de son corps. Le bracelet tombe dans un tintement. Un murmure la saisit, chuchotement d’âme perdue, « et coupe le fil ». Ses pas se figent comme le cerbère avant elle alors que ses yeux se fixent sur une silhouette qu’elle ne pensait jamais revoir. Son cœur se serre en trouvant le visage tiré de celui perdu il y a trop longtemps maintenant. Le ventre se tord, incapable de comprendre si la tête intime de fuir ou de courir jusqu’à lui. Les pupilles trop claires s’installent dans sa direction, il est trop tard pour changer de direction. Instinct de survie, Mavros se rapproche finalement pour se placer entre le Cerbère et son ancien bourreau. Il a connu la douleur, il a vu la peine et jamais l’animal ne laissera qui que ce soit infliger à nouveau pareil tourment à son Alekto.

La main gauche de celle qu’il a connu Xepesmos vient s’engouffrer dans les poils sombres de sa moitié, trouve un point d’ancrage, un certain réconfort. Elle observe l’être plus loin, à peine, n’attend que son approche. L'autre se dépose machinalement sur le ventre, perdition. La gorge nouée, elle ne sait pas quoi dire, quoi faire, elle perd pied à nouveau, mais d’une étrange façon. Elle ne veut plus se cacher, pas pour lui. Elle sait qu’elle peut riposter à présent. Alors pourquoi ces sentiments ? Pourquoi cet engouement ? Le cœur bat à nouveau à mesure des pas, à mesure que le corps s’avance pour des retrouvailles qu’elle n’espérait plus. « Hyperion. » Elle souffle. Elle souffre.

i could keep you safe, they're all afraid of me. — @alekto vranychta
Sous une lueur terme, le soleil dissimulé derrière de sombres nuages, Hyperion descend d’une allure altière de son navire, entouré par plusieurs membres de l’équipage. Son regard azur sonde la vision qui s’offre à lui, et c’est avec nonchalance que ses pieds quittent le ponton pour mettre pieds à terre. Il sent un poids s’abattre sur son estomac, comme chaque fois qu’il quitte le navire des airs. Pourtant, il garde ce visage fermé qui ne laisse transparaitre presque aucune faiblesse. Accompagné par les plus fidèles membres de son équipage, il s’avance sur le port dans l’espoir d’expédier rapidement ce qu’ils sont venus faire sur la terre ferme. Chaque fois qu’il y remet les pieds, la honte qu’il a enterré pourtant si profondément en lui refait surface et il se sentirait presque illégitime au rôle de Capitaine qu’il a pu endossé récemment. Ses iris vagabondent ici et là, sondant toujours les environs, jusqu’à ce qu’une silhouette qu’il reconnaitrait entre mille fasse son apparition dans son champ de vision. Le palpitant s’arrête, il en a le souffle coupé. C’est à peine si il ne croit pas halluciner, tant il a pu rêver de cet instant dans son ancienne vie. A cet instant, le poids du monde semble s’affaisser sur ses épaules. Il sent les sentiments de légèreté et de liberté le quitter, comme si il est aspiré dans les abysses de son sombre passé. Le palpitant bat si fort qu’il n’entend même pas le tintement du bracelet qui s’échappe des doigts de l’être aimé. Il s’arrête brusquement, laissant les deux pirates qui l’entourent le regarder de manière interloquer. Ses prunelles bleutées restent bloquées sur ce fantôme du passé, incapables de s’en déloger. « Continuez sans moi, je vous rejoindrais plus tard. » Le ton est ferme, il ne laisse pas place à interrogation. Les deux soldats échangent un regard perplexe, et continuent leur chemin, laissant les deux âmes perdues en face à face. Plusieurs dizaines de mètres les séparent, et il n’arrive pas à s’approcher. Ce n’est pas le cerbère qui trône à ses côtés, c’est à peine si il a vu l’énorme silhouette qui l’accompagne, c’est celle qu’il a cherché deux longues années qui le laisse mortifié. Chaque pas qu’elle fait vers lui, lui donne envie de s’échapper. Pourtant, il reste bel et bien figé, parce qu’il y a cette attraction insensée, ses sentiments non oubliés, qui maintiennent ses pieds fermement ancrés sur un sol qui le révulse. « Hyperion. » Cette voix qu’il a rêvé d’entendre lui glace le sang. C’est à peine si il l’entend, sous les battements de son palpitant. Elle est comme une voix lointaine, comme la voix d’une sirène qui lui murmurerait de plonger dans les abysses. Il décharge une énergie incommensurable pour n’afficher aucune émotion sur son visage, seuls ses iris azures le trahissent, se laissant hypnotisées par ce fantôme d’un passé qu’il pensait oublié à jamais. « Alekto. » arrive-t-il à articuler, essayant de se ressaisir. Il se tient droit, comme si cela pouvait lui redonner une certaine contenance. « Je pensais ne jamais te revoir. » souffle-t-il, laissant une ride apparaître sur son front. Les questions s’entremêlent, et pourtant aucune ne franchit ses lèvres. Il ne sait que dire, et chaque fois qu’il essaie, il en a le souffle coupé. La revoir, c’est pire qu’une gifle en pleine figure. « Comment vas-tu, après tout ce temps ? » ose-t-il demander, appuyant sur les derniers mots, avant vouloir ravaler ses paroles. Cela sonne comme un reproche, inconscient sans doute, parce que sa fuite lui a permis de se trouver lui-même. Ses paroles lui semblent idiotes, qu'il s'agisse du faux reproches ou de sa question. Il n'a pas besoin d'un réponse pour savoir qu'elle va forcément mieux depuis qu’elle est partie, depuis qu’elle n’est plus à ses côtés. Pourtant, il ne bouge pas, il attend la réponse cinglante qui va le renvoyer six pieds sous terre, qui va détruire tout le travail intérieur accompli ces cinq dernières années, s’efforçant d’oublier cet espoir qu’il sent naitre dans le creux de son palpitant.

— i could keep you safe, they're all afraid of me.Elle l’observe alors qu’elle s’avance, lentement, sans plus se soucier du bijou laissé à terre. Les mains ne cessent de s’agripper à Mavros et au souvenir douloureux de la perte. La leur. Celle qu’il ne connait même pas. Elle a envie de vomir, de hurler, de fuir, mais son cœur la mène jusqu’à lui, et dans un souffle elle prononce son nom. Elle est assez proche pour entendre la réciproque et le monde s’écroule. Plus aucune certitude, pas même celle d’être encore en vie. Le corps tremble de l’intérieur, se parcourt de frissons qu’elle tente tant bien que mal de dissimuler. « Je pensais ne jamais te revoir. » Honte. Elle baisse la tête, une demi-seconde, assez de temps pour lui montrer sa peine, pas assez pour prouver ce qu’elle refuse d’accepter. Elle ne dit rien. Elle attend. « Comment vas-tu, après tout ce temps ? » Une grimace gênée, elle ne s’attendait certainement pas à cette question. Pas maintenant. Pas entre eux. Elle ne sait pas quoi dire, comment répondre. Alors machinalement, elle avance à nouveau et tend sa main vers le visage de l’époux. Elle caresse les traits qui ont changé depuis la dernière fois, depuis qu’elle a fuit et qu’il a, visiblement, changé. A le contempler de la sorte, elle se perd un instant à penser qu’elle aurait pu découvrir ce temps qui court sur la peau de l’autre, autrement, à ses côtés. Mais le destin a frappé d’une étrange façon et la ramène à la raison. Elle retire sa main d’un geste brusque, faisant sursauter Mavros qui montre les crocs. « Ça va Mavros, tout va bien. » Elle le caresse et le cerbère se calme instantanément. Connexion amplifiée depuis qu’elle est partie. Elle reporte son attention sur Hyperion et soupire. « Je vais différemment. – Quoi dire de plus ? – Je constate que ta vie aussi a changé. » Le visage fermé, elle indique les hommes que le Stavros a congédié d’un signe du menton avant de scruter son habillement, ses armes. « Pirate je présume ? » Un sourire vient étirer ses lippes, un brin de fierté, elle observe autour d’eux pour trouver de quel navire il peut bien descendre. Ses yeux se posent sur l’Adastreia avant de revenir à l’homme. Elle tente de déchiffrer, sans trouver la réponse qu’elle attend. « Comment ? » qu’elle demande en croisant les bras. Elle veut savoir ce qu’il est devenu, comment il y est parvenu, par quel moyen ils ne se sont pas croisés plus tôt. Elle veut comprendre pourquoi tout ce temps il n’a pas été avec elle. Comment il n’a plus été sien. Et ça la ronge.

couleur — #7A4B66

i could keep you safe, they're all afraid of me. — @alekto vranychta
L’air se veut de plus en plus lourd, mais est-ce à cause de l’orage qui menace de tomber ou est-ce simplement le fruit de son imagination ? Peut être est-ce la culpabilité, la honte, et tout un tas d’autres sentiments qui pèsent dans le creux de son estomac lorsqu’il pose ses prunelles bleutées sur la pirate qu’elle est devenue. Et peut-être est-ce la constatation douloureuse qu’elle a l’air de s’épanouir loin de lui. Il le savait, il l’avait compris il y a des années et c’était fait une raison, mais le constater de ses propres yeux alors qu’il avait simplement banni toutes pensées à son écart de son esprit, lui faisait encore plus mal. Un mélange de frustration et de colère se faisait sentir, uniquement dirigé envers lui même. Il ne voulait plus la revoir, il avait fait une croix dessus, et voilà que le destin se jouait de lui, le confrontant à un passé désormais oublié. Les mots franchissent ses lèvres avec bien du mal, alors qu’il s’efforce de garder un ton et un visage neutre. Pourtant, il ne peut s’empêcher de lancer une pointe de reproche dans ses paroles, parce que même si l’ancien Hyperion n’est plus, il lui en veut d’avoir simplement disparu, de l’avoir laissé errer pendant des années au lieu de lui dire ses quatre vérités. Une rancune qu’il tait à moitié, parce qu’il aurait sans doute fait la même chose à sa place, mais qu’il ne peut réellement taire tant les souvenirs douloureux refont surface. Il ne comprend pas tout, les sentiments sont trop forts, trop contradictoires, il lui en veut à elle, autant qu’il s’en veut à lui. Le passé est trop compliqué, et voilà qu’il ne peut plus être oublié. Il la voit baisser la tête une demi-seconde, sans qu’elle aussi est aussi perdue que lui face à cette rencontre inattendue. Il ne supporte pas cette gêne plus longtemps, alors une question franchit ses lèvres, sans qu’il ne réfléchisse vraiment. Une question qui l’a fait grimacer, et qu’il regrette immédiatement d’avoir posé. C’était stupide, de lui demander une telle chose. Elle allait mieux, forcément mieux depuis qu’elle l’avait quitté et il suffisait de poser les yeux sur elle pour constater qu’elle était bien plus épanouie qu’avant. Il s’attendait à une réponse cassante, mais au lieu de cela, l’épouse lève la main vers son visage dont elle caresse les traits. Figé, immobile, le palpitant semble s’être arrêté. Il ne bronche pas, il se contente de la regarder, se demandant si ce geste se clôturera par un gifle. Il n’en ai rien, mais la brusque façon dont elle retire sa main le fait sursauter lui aussi, de la même façon que l’immense créature qui se trouve juste à côté. Il sent son regard peser sur lui, son regard mauvais, semble-t-il, alors qu’elle commence à montrer les crocs. « Ca va Mavros, tout va bien. » Il observe le Cerbère se calmer instantanément, curieux de la connexion qu’il existe entre eux. Il ne dit rien, ça ne le regarde pas, ou plus. « Je vais différemment disons. Je constate que ta vie aussi a changé. » Il ne peut s’empêcher de suivre le regard d’Alekto, montrant les hommes qu’il a congédié quelques instants plus tôt. Ses iris azures glissent à leur tour sur l’Adastreia, parce que c’était lui, qui avait radicalement changé sa vie, mais ce navire avait bien plus. Il l’avait sauvé, alors qu’il était en train de se noyer. « Pirate je présume ? » Surpris de voir le sourire naitre sur ses lippes et le brin de fierté transparaitre dans ses iris sombres, il reste quelques instants troublé. « Comment ? » A-t-elle le droit de poser cette question ? Elle qui ne voulait apparemment plus avoir affaire à lui, qui ne voulait plus jamais le revoir. Si il aimerait dire que non, la réponse est oui. Oui, elle a le droit, après tout ce qu’il lui a fait subir. Et si étrangement, il aimerait pouvoir tout lui raconter, se confier à celle qu’il a tant aimer, il répond à ses questions avec réserve. « Pirate, effectivement. » dit-il, s’efforçant toujours garder un ton neutre pour combler un ego démesuré qu’il n’a pas pu totalement oublier. Il se racle la gorge, alors que ses yeux se plantent dans ceux de la pirate du Kraken. « Grâce à toi, si j’ose dire.» Et peut être grâce à Megara, mais il ne peut se résoudre à prononcer le prénom de celle-ci. « Je t’ai cherché pendant plusieurs années, tu sais. » confit-il dans un soupir. « J’ai suivi votre groupe, les Insoumis, sans jamais réussir à vous approcher d’assez près jusqu’à… » Il s’interrompt, laissant ses yeux errer sur le paysage qui s’offre à eux. « Jusqu’à ce fameux jour, où j’ai failli te retrouver, mais Megara m’a trouvé avant que je ne puisse faire quoique ce soit. » Il déglutit, avant de continuer. « Elle m’a fait comprendre, comme plusieurs personnes avant elle, que tu ne voulais plus avoir affaire à moi et que tu te portais bien mieux sans moi. » Ainsi qu’un tas d’autres choses sur le monstre que j’étais, voudrait-il dire, mais les mots de franchissent pas ses lèvres. Ses iris bleutés reviennent plonger dans ceux d’Alekto, alors qu’une ride vient creuser son front. « J’étais au fond du trou, Alekto. Je ne prétend pas avoir été le mari idéal, au contraire, mais tu étais ma famille. » Il soupire, une nouvelle fois. « Fort heureusement, les pirates m’ont trouvé au moment où j’en avais le plus besoin. Et n’ayant plus rien à perdre, j’ai accepté la nouvelle vie qui s’offrait à moi. » Une possibilité de tout recommencer. D’oublier le passé violent, douloureux, pour réapprendre à vivre. Son regard se pose instinctivement sur l’Adastreia, à nouveau. « Puis, j’ai gravi les échelons sur l'Adastreia. Ce navire est tout pour moi, c’est tout ce qu’il me reste. » Les secondes défilent, et il se demande si son discours est aussi neutre qu’il le voudrait, ou si il est tinté de reproches. Peu importe, il n’y a là que la vérité. Il laisse volontairement le silence se creuser, avant d’oser tourner la tête vers elle pour recroiser ses prunelles sombres. « Et toi, comment ? » Il retourne la question comme une évidence. C’est à son tour de dévoiler ce chapitre de son histoire.

Spoiler:

— i could keep you safe, they're all afraid of me.Elle est là, devant lui, devant celui qu’elle a cherché à fuir, puis à retrouver. Celui qu’elle a tant haït au point de trop l’aimer. En pleine tempête, elle tente de garder son sang-froid, de rester impassible, du moins de le paraitre alors que son cœur ne fait que battre trop fort. Elle l’observe, d’assez loin pour pouvoir se défendre au cas où, mais bien trop éloignée pour les mains qui tremblent de vouloir l’approcher. Les dents se serrent pour se donner bonne figure, pour ne pas réagir aux réponses qui vont suivre. « Grâce à toi, si j’ose dire. » Premier coup. Elle le sait, cette conversation sera douloureuse. « Je t’ai cherché pendant plusieurs années, tu sais. – Je sais. – J’ai suivi votre groupe, les Insoumis, sans jamais réussir à vous approcher d’assez près jusqu’à… - Jusqu’à Megara. – Jusqu’à ce fameux jour, où j’ai failli te retrouver, mais Megara – qu’elle prononce à l’unisson dans l’embourbement de ses pensées – m’a trouvé avant que je ne puisse faire quoique ce soit. » Le poing se serre entre le croisement de ses bras, elle se souvient de cette nuit, de cet instant où tout son monde s’est écroulé, où toutes ses convictions ont volé en éclats. Perdue dans la tourmente de ses sentiments, elle n’a toujours pas compris que cette nuit là elle a fait le choix de toute sa vie. Ce sera lui, toujours lui, avant qui que ce soit. Lui, et personne d’autre. Lui, avant même l’âme-sœur. Et pourtant il est là et elle refuse de le choisir. Elle refuse de s’abandonner à nouveau à celui qui aurait dû tout lui offrir. Qui pourrait tout lui donner.
Les pensées se bousculent alors qu’elle se noie dans le regard trop bleu d’Hyperion. Les paroles rapportées de Megara se répercutent comme une claque, un nouveau coup qui lui rappelle à quel point elle a souffert de son éloignement, à quel point elle avait besoin d’elle et, loin de cet instant, elle pense à la rejoindre, parce que c’est à son tour d’être là pour l’autre… Mais la voix du pirate la ramène à l’instant présent. « J’étais au fond du trou, Alekto. – Nouveau coup. Trop fort. – Je ne prétend pas avoir été le mari idéal, au contraire, mais tu étais ma famille. » Le soupire vient faire écho aux mains d’Alekto qui glissent jusqu’à son ventre. Souvenir trop douloureux et hésitation profonde à lui avouer. Elle détourne le regard en observant les eaux derrière les navires accostés. « Fort heureusement, les pirates m’ont trouvé au moment où j’en avais le plus besoin. – Si Megara ne nous avait pas empêchés de se trouver. - Et n’ayant plus rien à perdre, j’ai accepté la nouvelle vie qui s’offrait à moi. – Elle déglutit difficilement, persuadée qu’il lui annonce qu’elle ne fait plus partie de rien dans son esprit, qu’elle n’est qu’un pion du passé, jeté le jour où il a trouvé – l’Adastreia. Ce navire est tout pour moi, c’est tout ce qu’il me reste. » Elle le déteste à cet instant. Voudrait lui hurler dessus pour lui interdire de la rejeter ainsi. Le frapper comme il l’a fait pendant trop longtemps. Lui rappeler qui elle est, qui elle était pour lui, et ce qu’ils étaient censés construire ensemble s’il n’avait pas été si violent. Si inconstant. « Et toi, comment ? »
Elle inspire un grand coup, tente de se contenir. Mais elle n’arrive pas à faire face aux émotions qui se bousculent et le cœur trop lourd, elle laisse tomber ses bras pour qu’ils s’accordent aux mots qu’elle finit par prononcer.
« Tu aurais dû me laisser mourir Hyperion Stavros. Pour t’épargner toute cette peine durant des années. Pour t’éviter d’être un lâche… - Son visage devrait s’empourprer sous la colère, mais il est aussi clair que calme, aucune émotion ne transparait dans les traits. Si le ton n’était pas incisif et les gestes si vifs, on pourrait croire qu’elle parle de la pluie et du beau temps. – Après tout ce temps, il a suffi de Megara pour que tu rebrousses chemin et que tu abandonnes ? De quelle famille oses-tu parler si c’est pour tout laisser en un claquement de doigts ? – A cet instant elle ne compte pas les années à sa recherche. Elle ne veut pas. Elle ne peut pas. – Tu ne sais pas ce que c’est qu’une famille Hyperion alors arrête deux minutes tes histoires. – Elle ne lui a jamais parlé ainsi et à cet instant, sortir tout ce qu’elle a emmagasiné, lui fait un bien fou. Mais à présent on discerne la rage qui l’anime et pour celui qui saura regarder plus loin, on reconnait le désespoir. Cette petite étincelle qui s’éteint dans le fond du regard, celle là même qui reprenait vie quand il venait la prendre dans ses bras alors qu’elle voulait succomber et retrouver les royaumes d’Hadès. – Tu ne sais même pas qui est ton père, ta mère ne t’a jamais appris qu’à tuer ta femme et ceux qui t’ont élevé ne savent rien de l’amour si ce n’est la manipulation. » Elle a oublié qu’ils sont au beau milieu du port, qu’ils ne sont pas seuls et qu’Hyperion n’a aucune idée des connaissances d’Alekto sur le Culte et sa possible implication. Mavros la pousse du museau, fait sens de la situation dans la tête de Vranychta et d’un geste sec, elle empoigne le Stavros pour qu’ils se réfugient dans la petite ruelle à deux pas. S’ils ne seront pas à l’abri d’oreilles, ils seront au moins éloignés des regards.
« Tu aurais dû me tuer, pour que jamais on ne se retrouve. Pour que jamais je ne sois un problème à nouveau. Parce que je ne compte pas te lâcher maintenant que je sais où tu te caches. – Aveu de faiblesse à qui sait écouter. – Je ne te laisserais pas tranquille. Tu as fait de ma vie un enfer, je ferais bien pire de la tienne. Tu me reproches d’être partie ? D’avoir voulu protéger no… - Les mots s’arrêtent nets. Elle ne peut pas. Elle n’y arrive pas. Et les doigts reviennent à ce ventre qu’elle ne cesse de penser habité. - me protéger. – qu’elle tente de reprendre. – Tu te plains d’avoir tout perdu. Te réjouis d’avoir tout retrouver ailleurs. Oh mais crois-moi… Tu risques de perdre bien plus encore. » Sans le savoir, elle tente de le provoquer. De le faire redevenir l’Hyperion qu’il était. Pour qu’il lève la main sur elle à nouveau. Pour qu’il lui prouve que Megara avait raison. Pour qu’il lui prouve qu’elle avait raison de ne pas remuer ciel et terre pour le retrouver. Pour qu’il lui prouve qu’elle avait raison de le quitter. Pour que la perte de leur enfant ne soit pas en vain, qu’elle ne soit pas que sa faute à elle. Pour qu’il pose sa main sur elle… A nouveau. Juste la déposer. La toucher. Ressentir la chaleur de sa peau, de ses doigts lorsqu’il était doux et qu’il prenait soin d’elle. Et elle replonge dans les ténèbres, persuadée que pour avoir l’amour de l’autre elle doit sombrer. Que pour être libre de ce poids au cœur, de cet amour qu’elle ne contrôle pas, de cette perte de contrôle total, elle doit mourir. Alors elle hésite à prendre sa dague.

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i could keep you safe, they're all afraid of me. — @alekto vranychta
Si il avait peur d’avoir laissé trop de reproches dans ses mots, cette peur n’était rien en comparaison à ce qui allait se passer. Le soupire annonciateur de l’orage, il s’attend à toute réaction possible. Et dès qu’elle ouvre la bouche, chaque mot, chaque syllabe qu’elle prononce, lui donne l’horrible sensation de papier du verre contre sa peau. « Tu aurais dû me laisser mourir Hyperion Stavros. Pour t’épargner toute cette peine durant des années. Pour t’éviter d’être un lâche… - » Il ferme les yeux. Ca y est, elle arrive, cette colère, cette rancœur contre l’époux révolu. « Après tout ce temps, il a suffi de Megara pour que tu rebrousses chemin et que tu abandonnes ? De quelle famille oses-tu parler si c’est pour tout laisser en un claquement de doigts ? » Non, bien sûr que non il n’a pas suffit de Megara. Elle n’a été qu’une personne de plus à lui dire franchement la vérité, à le faire réaliser le mari infame qu’il était. Et les reproches s’enchainent, les paroles sont plus blessantes les unes que les autres. Il semble figé, comme dans une autre réalité. Il ne pense plus à l’Adastreia, il ne pense plus à Idyia et à ceux qui pourrait entendre le moindre mot de cette conversation. Il est véritablement noyé, absorbé par ce rêve cauchemardesque qui devient réalité. Le cauchemar se réalise, la colère se déverse, la vengeance ne fait que commencer. Les mots sont affreux, mais il les mérite. L’ancien Hyperion les mérite, il paye pour toutes les atrocités qu’il a commise. Chaque mot, il l’enregistre, chaque syllabe vient écorcher le palpitant qui n’est peut être même plus en train de battre, étouffé par toutes ses affrosités. Il ferme les yeux quelques instants, peut être que cela l’aidera à mieux encaisser, mais lorsque le Cerbère pousse l’épouse en colère vers l’avant, il réouvre les yeux. Ramené à une réalité qui semble toujours étrangère. Des années, il a rêvé qu’elle le remette à sa place, qu’elle lui dise ses quatre vérités pour qu’il puisse passer à autre chose, et voilà que l’instant fatidique est arrivé. Le palpitant semble recevoir une décharge à l’instant où elle l’empoigne par le bras pour l’entrainer dans une ruelle à deux pas.

L’air électrisé vient frapper son visage alors qu’ils arrivent dans la ruelle, à l’abris des regards indiscrets. « Tu aurais dû me tuer, pour que jamais on ne se retrouve. Pour que jamais je ne sois un problème à nouveau. Parce que je ne compte pas te lâcher maintenant que je sais où tu te caches. Je ne te laisserais pas tranquille. Tu as fait de ma vie un enfer, je ferais bien pire de la tienne. Tu me reproches d’être partie ? D’avoir voulu protéger no… - me protéger. » Il ne capte pas véritablement pourquoi elle s’arrête, et il reste figé, les yeux rivés sur elle. Il ne peut se résoudre à détacher ses prunelles bleutées des siennes depuis le tout début. Il sent cette colère monter en lui, cette colère sourde qui se retient d’exploser. Il se tait, parce qu’il sait qu’elle n’a pas terminé. « Tu te plains d’avoir tout perdu. Te réjouis d’avoir tout retrouver ailleurs. Oh mais crois-moi… Tu risques de perdre bien plus encore. » Il essaie de retenir cette colère, mais les braises ardentes sont devenues des flammes qui le consument de l’intérieur. Il ne peut plus les retenir, pas après.. tout ça. Pas après ce monologue de reproches, de rancune. Jamais, il n’a prétendu la moitié de ses choses. Jamais, il n’a prétendu avoir trouvé mieux ailleurs. Il a simplement trouvé sa rédemption. La dernière phrase provoque un électrochoc, et la bombe explose. « Ca suffit. » dit-il, alors qu’elle vient tout juste de terminer sa dernière phrase. « Ca suffit, ça suffit arrête ! » Il se sent bouillir et si il faisait attention à rester neutre, s’en est fini. Son visage s’empourpre sous la colère, et il sent son corps devenir électrique. Il ne peut se retenir, et il recule brusquement pour frapper ses poings contre le mur. Il se défoule, par cette violence, dont il a honte. Encore de la violence, encore et toujours. Il frappe encore le mur, comme pour retrouver ses esprits et lorsqu’il a fini, il se retourne vers elle, la respiration haletante. « Tu crois que ça a été facile tout ça ? Tu crois que lorsque j’ai pris conscience de la personne que j’étais, tout à été facile et qu’il a suffit de tout recommencer pour oublier tout le mal que j’ai pu causer ? » Te causer, en particulier. « Non, Alekto. Ca n’a définitivement pas été facile et ça ne l’est pas encore aujourd’hui. Parce que toutes les horribles vérités que m’ont dit, non pas seulement Megara, mais d'autres, étaient vraies. » Il ferme les yeux, gardant les poings et les mâchoires serrées. Il inspire, il expire, essayant de maitriser cette colère qu’il a appris à accepter. « Tu peux dire que je suis lâche, parce que c’est peut être ce que je suis, au fond ? Un lâche cruel et violent. Mais que peut-on réellement devenir lorsqu’on grandi sans père, avec une mère violente et une famille de manipulateurs comme tu l’as si bien dit ? » Le ton est accusateur, quand bien même elle n’est en rien fautive de sa famille. Il a appris à voir d’où pouvait venir ses problèmes de violences, de morales, et presque tous viennent de sa famille, de l’endoctrinement qu’il a reçu. C’est eux, qu’il accuse en réalité. « Je ne savais peut être pas réellement ce qu’était une famille à l’époque, mais je t’interdis de dire que j’ai tout laissé tomber en un claquement de doigts. J’ai consacré deux longues années à te chercher, et échec après échec, j’ai continué. Et pourquoi ça ? Parce que je t’aimais, bordel ! » Les mots franchissent ses lippes avec une sincérité déconcertante, et il frappe un nouveau coup contre le mur pour se défouler. C’était la pure vérité, il l’aimait. Pas de la bonne manière, mais il l’aimait véritablement. « Et réaliser ce que j’avais pu faire, à une personne que j’aimais, a été encore plus dur. As-tu la moindre idée de ce que cela peut faire d’être dégouté par soi-même ? De ne plus pouvoir se regarder dans un miroir ? La seule solution que j’ai trouvé, la plus facile et la plus lâche, peut être, a été de tout recommencer. » Les derniers mots font écho a des reproches faits quelques instants plus tôt. « J’ai tout recommencer parce-que tu ne voulais plus avoir affaire à moi, et tu me le reproche ? Tu me reproche de t’avoir laissé tranquille alors que c’est ce que tu exigeais même après des années ? » Les reproches sortent à son tour de son côté, mais est-il en droit de les clamer ? « Soit. J’accepte que tu me reproches absolument tout. Tu peux dire TOUT ce que tu veux du monstre qui te servait de mari, mais ne dit pas que j’aurais du te laisser mourir. » Sa voix se brise, lors des dernières paroles. Jamais il n’oublierait les instants qui avait fait ressortir le meilleur et le pire de lui même. « Parce que avec toutes les fautes que j’ai pu commettre, tous les… - Il s’arrête un instant, avant de finalement le dire à haute voix - les coups que j’ai pu te donner, jamais je n’aurais pu me résoudre à te laisser mourir. » Il déglutit, la respiration toujours haletante. Il sent la colère se dissiper, maintenant qu’elle est évacuée. « Je tenais beaucoup trop à ça pour toi. Je t’aimais, Alekto, si le lâche que tu dépeins peut prétendre savoir ce que cela veut dire. » Pour la première, depuis qu’il a laissé la colère s’emparer de lui, il ose la regarder. Il ose plonger ses prunelles bleutées dans les abysses sombres qui s’offrent à lui. « Mais cela n’excuse en rien tout ce que je t’ai fais. » Le regard vient teinter la colère de regrets, même si cela ne peut rien effacer. « Alors vas-y, frappe-moi. » Il dessert les poings, et laisse ses bras lourdement retomber sur son flanc. « Venge-toi, Alekto. Fais de ma vie l’enfer que tu veux qu’elle soit. » Et il reste là, les bras ballants, à attendre la sentence.

— i could keep you safe, they're all afraid of me.Elle ne veut plus d’un monde où il n’existe pas. Elle ne veut plus d’un monde où elle est seule, terriblement, à observer les eaux salées sans espoir de retrouver ce qu’ils ont pu partager. Malgré tout le mal, malgré tous les coups, elle ne peut se résoudre à vivre sans lui et c’est probablement ce qui fait le plus mal. Alors quand elle perd à nouveau l’espoir de pouvoir respirer librement, elle s’imagine retomber dans les songes d’un autre plan où elle sera peut-être Reine aux côtés de monstres. « Ça suffit. » Les mots claquent et la sortent de sa tourmente. « Ça suffit, ça suffit arrête ! » Elle observe la colère s’emparer à nouveau de l’époux. Les mêmes traits qui déforment le visage, les mêmes gestes qui s’apprêtent à frapper, et pendant une seconde elle a peur. Mais le poing ne s’engouffre pas sur elle, il vient s’écraser contre le mur et Mavros, prêt à bondir, se calme et se place derrière la Vranychta. Tout a changé.
Sans un mot, le regard fixé sur Hyperion, le corps figé par la surprise et l’angoisse, elle écoute sans dire un mot. Comme avant. La déferlante n’est pas plus douce que celle qu’elle déclamait une seconde plus tôt, et pourtant… Tous ses mots prennent un sens différent, une forme qu’elle n’avait pas envisagée. « Et pourquoi ça ? Parce que je t’aimais, bordel ! » Onde de choc, frappée en plein cœur, l’aveu prend un gout aussi doux et sucré que fort et amer. Le temps est au passé, et la douleur la reprend. Mais lorsqu’il fait écho à ses propres mensonges, les nuages se dissipent. « As-tu la moindre idée de ce que cela peut faire d’être dégouté par soi-même ? De ne plus pouvoir se regarder dans un miroir ? » S’il savait à quel point ces mots résonnent en elle. Depuis trop longtemps, bien avant qu’ils ne soient promis l’un à l’autre, le reflet était déjà trop lourd. La mâchoire se serre et les poings se ferment. Elle est en colère à nouveau. Mais pas contre lui. Pas contre elle. Contre le monde entier. Contre ceux qui ont fait d’eux les monstres qu’ils sont devenus.
« Je t’aimais, Alekto. » Et alors qu’il pose les yeux sur elle, elle échappe son regard. Elle ne supporte plus ses mots, ne comprend plus les battements de son propre cœur. « Mais cela n’excuse en rien tout ce que je t’ai fait. - Elle déglutit. – Alors vas-y, frappe-moi. » Les pupilles retrouvent celles du Stavros. Elle est confuse et ça se voit. « Venge-toi, Alekto. Fais de ma vie l’enfer que tu veux qu’elle soit. » La seconde de questionnement parait durer une éternité. Elle voudrait lui faire payer pour lui avoir fait tant de mal, pour l’avoir fait se sentir si rien… Pour l’avoir fait partir, puis revenir. Pour la faire l’aimer comme jamais elle n’aura aimé qui que ce soit. Pour la faire réaliser à quel point elle a besoin de ça, de lui, de ce qu’ils auraient dû être. « Tu m’as tout pris. – qu’elle répond d’une voix faible, douce. – Ma confiance. Ma famille. Mes espoirs. Ma vie. Mon futur. Mon amour. – Elle le fixe, et son regard est probablement le plus doux qu’il ait pu voir d’elle. Elle l’aime à cet instant, et ça se voit. – Mais tu m’as aussi donné, appris. – Elle inspire et expire lourdement, incertaine de ce qu’elle est sur le point de faire. – Et ni toi, ni moi, ne pouvons effacer ce qui s’est passé. Mais s’il reste une once de toi qui croit encore à ces sentiments… Qui croit en moi. » Sa voix tremble, parce que c’est tout ce dont elle a besoin. Qu’il ne voit pas en elle le monstre qu’elle est, ou du moins… Qu’il le comprenne et qu’il le trouve beau, comme personne d’autre ne pourrait le faire.
Timidement elle s’approche de lui, tend sa main pour venir à nouveau caresser son visage et, se dressant sur la pointe des pieds, dépose un baiser sur les lèvres de l’époux, avant de chuchoter. « Je suis désolée. » Elle retire sa main et s’apprête à partir.

couleur — #7A4B66

i could keep you safe, they're all afraid of me. — @alekto vranychta
Les mots lui écorchent la gorge, alors que la vérité explose enfin au grand jour. Il lui a dit. Il a avoué qu’il se considérait comme un véritable monstre à cause de ce qu’il avait fait. Le poids des mots refoulés depuis tant années semble s’envoler, pour laisser place au poids que laisse l’appréhension de la sentence. Pire que l’enfer, a-t-elle dit. Un instant, il se demande si la personne qu’il a en face de lui est réellement la personne qu’il a connu. Bien sûr que non, ce n’est pas elle. Elle est bien plus forte, plus imposante, et presque intimidante, même si il ne l’avouera jamais. Pourtant, cela ne l’empêche pas d’exploser, de faire ressurgir ce monstre violent dont il a honte, et de se défouler sur ce mur si dur que des filets de sang couleraient presque sur ses poings rouges carmin. Les yeux dans les siens, il attend patiemment. Et les secondes défilent, ses prunelles azures semblent se perdent dans les prunelles sombres de la pirate pendant une éternité. Le palpitant battant à la chamade, frôlant presque l’arrêt cardiaque, il ne sourcille pas. Il reste figé, mué, à la regarder. « Tu m’as tout pris. » Si les mots semblent lui écorcher les tympans, ce n’est rien par rapport à ceux qui suivent. « Ma confiance. Ma Famille. Mes espoirs. Ma vie. Mon futur. Mon amour. » Le palpitant loupe un battement alors que le dernier mot est prononcé. Une ride apparaît dans le creux de son front, alors qu’il croit lire un sentiment qu’il n’a plus vu depuis des années dans ses iris. « Mais tu m’as aussi donné, appris. » Il est complètement perdu, Hypérion. Il s’attendait à être frappé, insulté, à n’importe quoi en réalité mais pas à cela. « Et ni toi, ni moi, ne pouvons effacer ce qui s’est passé. Mais s’il reste une once de toi qui croit encore à ces sentiments.. Qui croit en moi. » Cette fois il en est presque sûr, le palpitant s’arrête alors qu’elle s’approche de lui pour caresser sa joue et poser ses lèvres sur les siennes. Envahi par une flopée de sentiments à l’instant où sa bouche électrise la sienne, il est submergé par les fantômes du passé. Des flashs, d’anciens baisers, d’anciens moments, lui reviennent et c’est comme si il était aspiré dans les abysses. Il se sent couler, et pourtant il ne peut retenir cette envie de continuer. Il en a envie, Hypérion. Cette odeur, cette chaleur, elles lui ont terriblement manqué quand bien même il s’est efforcé de les oublier. « Je suis désolée. » chuchote-elle avant de briser le contact de sa main contre sa joue. Un instant figé, il se ressaisit parce qu’il en veut plus. Il a besoin de plus, même si il sait qu’il replonge la tête la première dans un passé bien trop compliqué. « Attends. » prononce-t-il seulement, avant de s’emparer de sa main, dès lors qu’elle la retire. Il est perdu, mais il est certain d’une chose, il ne veut pas qu’elle parte. Il pose immédiatement ses mains sur ses joues et l’attire directement contre lui, laissant le baiser s’enflammer. Il s’emballe, Hypérion, il ne contrôle pas les sentiments si violents et si contradictoires qui l’habitent. Complètement déboussolé, il ne peut retenir l’envie de la plaquer contre le mur, ses lèvres toujours posées sur les siennes. Le palpitant bat rapidement, beaucoup trop vite pour qu’il puisse se rendre compte qu’il perd véritablement pieds. Il va trop loin, beaucoup trop loin. Et puis c’est comme un électrochoc, il se stoppe net. Il laisse ses mains glisser sur la peau douce d’Alekto et recule brutalement, comme si ils étaient pris en flagrant délit. La respiration haletante, ses sourcils se froncent. Les mots s’emmêlent dans son esprit, tout n’est que confusion entre l’ancien et le nouveau Hyperion. « Je.. Je ne peux pas. » prononce-t-il, en soupirant, les paupières se fermant quelques secondes, prenant brutalement conscience de la réalité. « J’ai besoin d’un peu de temps. » Il recule un peu plus, certains que si ils se rapprochent, il ne pourra pas résister. « Je suis désolée… » dit-il, l’air sincèrement désolée dans ses iris bleutés. Il échange un dernier regard lourds en sous-entendu, bourrés de sentiments niés et oubliés, avant de s’échapper pour retrouver la vie qu’il a si soigneusement tissée.