I can't stand it cause you put me down [mélios]

Les deux argonautes pouvaient entendre les hurlements de la foule. Ça picotait déjà la peau d’excitation alors qu’il ne s’agissait même pas de son affrontement. Le soleil était déjà prêt à en découdre et il savait qu’il en était de même pour sa voisine. “Vous n’en avez jamais marre de toute cette mise en scène ?” la voix d’Héméra retentit derrière eux. Elle n’aimait rien de ce lieu, rien de cet antre qui présentait la violence comme un spectacle, un loisir ou aucune vie n’était réellement mise en jeu. Hélios savait qu’elle ne prenait jamais des vies pour jouer, toute bataille se doit d’être létal pour elle. Il lui sortit un sourire qui dévoila jusqu’à ses dents en se retournant, blond amusé par la réflexion et l’ennuie qu’il pouvait déjà percevoir dans ses rétines. “Jamais.” qu’il donna pour seule réponse ajustant ses sangles autour de son torse. Elle roula des yeux. Héméra n’était pas une guerrière, elle ne savait rien de la jouissance que pouvait représenter un duel qu'il soit ponctué ou non par la mort de l’adversaire. Ici se battre était une performance où tout le monde pouvait briller, homme comme femme même si ces dernières peinaient tout de même à s’y faire apprécier. Il jeta un œil à Hippolyta qui rangea son épée dans son foureau. Elle faisait partie de ses femmes qui tentaient d’ouvrir la voie pour ses comparses.

“Bonne chance... ” qu’elle lança tout de même avant de s’en aller à croire, laissant croire qu’elle se faisait du soucis pour ses comparses. Mot qu’elle sait pour autant hérétique pour le prince solaire qui n’avait nullement besoin de chance pour briller. Lui seul suffisait même s’il aurait aimé se battre en duo avec son accolyte, mais pour une raison inconnu les combats ne seraient que solitaires aujourd’hui. Organisateur qu’il avait vu murmuré quelque chose. Il était presque sûr qu’on avait arrangé le déroulement de la journée pour que quelqu’un se fasse punir sans qu’il ne sache si c’était lui, Hippolyta ou son futur concurrent. De toute façon pour lui ça ne rendait la chose que plus excitante. Le combat aurait pu être perdu d’avance qu’il y serait tout de même allé. Victoire qui n’aurait été que plus grandiose. Hélios était là pour repousser les limites, rien ne lui était impossible. Il en était sûr, certain et c’est cette même arrogance qui lui avait toujours permis de relever la tête. Il gagnerait, qui que ce soit, quoi que ce soit. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on mettrait à mal sa suite de victoire. Prince qui enchaînait les sans-fautes. Rhéa le guidait, avait posé ses ailes sur lui à chaque match. Pas de chance si ce n’est le destin dressé pour les gens comme lui. Des êtres d'exception.

Pas en avant alors qu’on annonce son arrivée dans l’arène. Aethos l’intrépide. “Ton casque.” que la voix rappelle. Anonymat qu’il se devait de préserver s’il tenait à ses quelques libertés. Elle le lui pose sur le visage, l’enfermant dans le carcan de métal. Elle se contenta de ça sachant très bien qu’il n’avait besoin de rien d’autre. Herse qui se lève et c’est sa silhouette découplée qui s’extirpe de la pierre. Public qui acclame. “Aethos, Aethos, Aethos ! ” mains conquérantes qui se lèvent vers l’éther, salue la foule qui se remémore sûrement ses précédentes prouesses. A moins que ça soit les rumeurs venant de Koressia qui chantent dans les oreilles. La violence dont il fait preuve. La même que le cerbère de l’olympe et autres monstres de fer. L’arène d’Orchomenos empêchait cependant ce genre de dérive, n’invoquait en rien les anciennes moires et la douleur d’un ciseau qui mordrait le fil. Le sien avait de toute façon la teinte du zénith. Immuable. Invincible.  N’est-ce pas Rhéa ? Guerrier qui s’avance jusqu’au milieu de l’arène. Il devine à peine l’ombre qui patiente de l’autre côté. “...et pour adversaire, le grand Aethos aura la délicate princesse au trident” amusement qu’il peut sentir dans les cordes vocales, mais lui, le prince a perdu toute lueur. Il bloque sur la figure qui s’avance. Megara. Non. Impossible. Poigne qui se raffermit sur la garde de l’épée alors que les questions s'amoncellent, que les artères trépignent. pourquoi est-ce qu’elle est là ? elle ce qu’elle sait qui il est ? quand est-elle revenue ? pourquoi est-ce qu’elle ne l’a pas prévenu ? est-ce que…?

Respiration. Silence. Il n’en garde aucune. Le coeur lui rugit. La garde se met en place. Parfaite, inflexible. Léger signe de tête pour la saluer. Il y a tout qui balance, tout qui tangue pourtant. Il ne saurait dire s’il est en colère ou amusé. Amusement amer.  Les mots eux s’échappent mordants. “Qu’est-ce que tu fais ici ?”. Moulinet de l’épée alors que les yeux s’enfoncent dans les siens. Bruissement électrique qu’il sent le long du métal. Colère en fin de compte domine. Hélios veut lui faire regretter son départ, prouvé qu’elle a plus gagné que perdu en la laissant ici. Dame secrètement attachée aux artères qui n’avait pourtant rien vu quand elle avait largué les amarres. Douleur et peine en haine, acerbes. Ronde qui commence. Il lui tourne autour. Invitation à une danse. Rappel d’un bal. L’animal ne sait plus s'il veut ses lèvres ou sa jugulaire. Les deux. L'épée tranche l'air. Le coeur par terre.

Les émotions se faisaient tumultueuses, véritable torrent qui venait s’effondrer sur elle à mesure qu’elle respirait. Le palpitant se faisait pesant, battait à tout rompre à travers sa poitrine. C’était comme si il allait exploser, comme s’il allait briser les os de la prison qui le protégeait, pour s’échapper. Elle pose sa main sur sa poitrine, s’accoude à l’arbre près d’elle. Un, deux. Elle ferme les yeux, inspire profondément alors que l’estomac se retourne. La main vient se plaquer contre sa bouche, déglutit. Mais elle n’arrive à retenir l’insoutenable volcan qui ébullitionne dans ses entrailles. La gerbe sort, vient tacher l’herbe fraiche. Elle passe l’acier de son brassard d’amazone sur ses lèvres, puis inspire. Elle avait eu trop d’informations. Et elle avait désormais tant de questions. Toute sa réalité avait été remise en cause, tout ce en quoi elle croyait. Astéria était en vie. La sœur qu’elle aurait rêvé connaître, celle qui aurait dû être sacrifiée.. Était-ce parce que son sacrifice n’avait jamais été réalisé qu’Atlantis était tombé ? Était-ce une vengeance divine ? Et elle n’était plus, n’avait jamais été, l’héritière de la couronne dérobée d’Atlantis. Megara n’était pas reine. Elle n’était pas l’héritière tant attendue. La place était déjà prise, et ce depuis de nombreuses années. Qu’est-ce que penserait Léonidas ? Que penserait son père ? Elle n’en avait pas la moindre idée, elle qui ne l’avait connu que quelques mois. Elle qui ne se souvenait même pas du visage paternel. Le cœur est en miette, les pensées sont brumeuses. Elle reste accoudée à l’arbre un instant, inspirant fortement pour tenter de reprendre ses esprits.

Elle avait abandonné son ancien gang à Koressia, sa famille de cœur. Ils étaient venus à son secours, tous sauf Eos. Elle ne savait pas ce que le jeune homme était devenu, enfant des flammes. Quoiqu’il en soit, tous avaient répondus à l’appel d’Alekto. L’insoumise avait su les fédérer à nouveau, dans le but ultime de venir secourir la demoiselle en détresse qu’elle était devenue le temps de quelques heures. L’insoumise guerrière, n’avait su se montrer à la hauteur de ce qu’elle avait pu être. Elle n’avait pas été l’héroïne décriée quelques années plus tôt, n’avait été l’ombre que d’elle-même. A peine le pied posé sur Olympos, qu’il l’avait foudroyé sans ménagement. Elle avait eu besoin de fuir, s’éloigner du regard attristé de ses amis. Oh, elle les avait remercié. Elle avait été heureuse qu’ils soient venus à son secours. Mais la détresse terrible dans laquelle elle se trouvait, ne pouvait être effacée par quelques sourires et embrassades. Il lui fallait plus. Il fallait qu’elle se retrouve, qu’elle se souvienne. Qu’elle se souvienne de qui elle était.

La mission confiée par Silia était abrogée dans l’esprit de l’Okeanos. Elle n’était plus amazone, elle n’était plus maîtresse des sept mers. Elle n’était plus rien d’autre qu’une âme errante, une âme qui se cherchait. Plus vulnérable que jamais, elle avait quitté Pephka à pieds, avant d’embarquer clandestinement dans une calèche de Pégases. Si tôt qu’elle fut découverte, elle n’eu d’autres choix que de reprendre le chemin à pied. Ses pieds ne lui faisaient pas mal, tant elle ne ressentait plus rien. La concoction de Vitalis lui avait été donnée, les soins apportés. Seuls vestiges de cette nuit, la marque électrique qui striait désormais son épaule, et la tâche carmine sous la plante de son pied droit. Là où l’éclair était entré, là où l’éclair était sorti. Megara reprit ses esprits, inspira une nouvelle fois puis reprit la route.

Quelques drachmes déposés à l’aubergiste, la chambre miteuse dans laquelle elle fini par se retrouver allait lui convenir pour la nuit. Etrangement, cette dernière la fit sourire. Souvenir fugace d’une nuit où elle et les insoumis avaient tous dormis dans la même chambre, n’ayant plus assez de drachmes pour obtenir des chambres individuelles. Elle se souvenait qu’Eos – la chouette – et Aello n’avaient cessés de battre des ailes à se poursuivre ci et là dans la pièce. Les fulminations d’Alekto, qui menaçait d’envoyer sa dague dans l’un d’eux, si les deux oiseaux ne se calmaient pas. Ioanna et sa politesse bien trop douce, et Eirini et son silence qui en disait long. Megara avait passé de bons moments à leurs côtés, et elle se prenait à regretter de ne pouvoir à nouveau partir à l’aventure. La légende du continent inexploré avait maintes et maintes fois bercé leur désir d’aventures, et elle se souvient avoir fait la promesse de le trouver. Mais les Moires en avaient décidés autrement, en séparant les fils de leur destinée. Aujourd’hui, les Insoumis n’étaient qu’un pan de leur histoire, une part de leur odyssée. Et jamais, ou peut-être que, ils ne reprendraient le chemin de l’aventure. Elle observe le trident de Scylla, sa mère, posé sur le lit. L’arme est luisante, brille de milles feux sous le regard de la demi-déesse. Elle ferme les yeux, inspire profondément. Il n’y avait qu’un moyen pour elle de se retrouver. En renouant avec ce qui faisait le cœur de son identité. En renouant avec l’Atlante qui était en elle. Elle attrape les quelques drachmes qui lui reste, ainsi que son trident puis quitte sa chambre.

Une gourde rempli d’eau à sa ceinture, le trident de sa mère dans une main, elle reste dans l’ombre. L’Aethos est nommé, le cri transcendé. La foule se lève, acclame le guerrier olympien. Elle vante ses louanges, ne demande qu’à voir l’intrépide anéantir son adversaire. « ...et pour adversaire, le grand Aethos aura la délicate princesse au trident » Elle avait décidé de reprendre son ancien titre, comme un dernier hommage qu’elle faisait à sa famille de cœur. Parce qu’elle pensait que peut-être, l’identité se trouvait derrière ce titre. Derrière ce surnom qui lui avait été conféré, avant même qu’elle n’ose prétendre à quelconque couronne, avant même qu’elle ne décide de devenir amazone. Avant tout ça, avant l’effondrement. Elle sort de l’obscurité, le trident délicatement serré dans ses mains. Elle n’observe pas la foule, qui se met à rire à son arrivée. Elle ne l’observe que lui, le guerrier aux prouesses illustres. Sa démarche la fait légèrement sourire, elle qui se montre dans sa simple tenue d’amazone. Elle qui ne porte pas casque, mais tiare d’acier. Sa prestance ne trompe personne, si ce n’est peut-être la foule. Elle pourrait le reconnaître au milieu d’une cohue, au milieu d’une marée humaine. Elle savait son corps, l’avait touché de long en large. Elle le connaissait, comme s’il était une extension d’elle-même. Le palpitant accélère, alors qu’elle le devine en plein questionnement. Elle n’a qu’une seule envie, l’Okeanos, c’est pouvoir sentir le contact de sa peau contre la sienne. Qu’à l’unisson, ils ne fassent à nouveau qu’un. Le dernier contact était si lointain, comme s’il datait d’une autre ère. Mais elle s’en souvenait. Inéluctablement. Il lui tourne autour comme un vautour, l’épée entre ses mains faisant quelques moulinets. Elle reste alerte, mais droite. Rien dans son attitude ne pousse à croire qu’elle va se défendre. Au contraire, elle semble biche face aux griffes du fauve. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Elle sourit, puis fait craquer sa nuque. La prise sur le trident se resserre légèrement, de manière imperceptible. La foule est en délire, lui scande de la mettre en charpie. De rappeler à cette femme, où est sa place. « Je suis simplement venu te faire descendre de ton podium, on raconte que ce n’est pas arrivé depuis quatre ans. » Quatre ans. Depuis qu’elle était partie. Elle savait qu’il comprendrait. Et visiblement, la colère monte. Sauvage, le lion s’avance. L’épée s’enfonce vers elle. Mouvement rapide et circulaire qu’elle effectue de son trident, parant le premier coup. Silence, la foule se tait. La danse commence. L’adrénaline et le plaisir se mêlent, tandis qu’elle retrouve enfin ses racines. Enfant de la tempête, elle était née pour se battre. Née pour lutter. Le trident continue de faire des mouvements circulaires, la princesse restant sur la défense. La foule s’esclame, quémande violence. « Tu entends ça, Aethos l’intrépide, ils veulent te voir perdre. » Souffle-t-elle, alors que son visage se trouve désormais à quelques centimètres du sien. Le désir se lit dans les yeux de l’enfant de Poséidon, luxure et violence se mêlent. Victoire qu’elle a envie de ressentir. Les pointes du trident se plantent dans le sol, alors qu’elle esquive un coup en glissant sur le sol. Elle se redresse et fait tourner le trident sous ses jambes, cherchant à le faire chuter. Echec. Elle arque un sourcil, sourit. « Je pensais que tu aurais gagné en expérience depuis notre dernière rencontre, que tu serais devenu meilleur guerrier. A croire que ta réputation n’est que mythe, finalement. » Elle cherche à l’énerver. Elle veut qu’il devienne carnage. Elle veut voir la passion dans ses prunelles, le feu de l’Olympe devenir incendie dans les opales du prince.

Figure qui n’avait de marbre que l’allure et la somptuosité. Stoïcité trompeuse. Le prince le sait parce qu'il la connaît sa princesse, ne ferait sûrement pas l’erreur de la sous-estimer alors qu’elle peut enfin reconnaître les échos de sa voix. Elle possédait des crocs quelque part outre les dents triples, froides et métalliques dont il connaît la morsure. Ce n’est pourtant pas cette dernière qu’il veut retrouver sur sa peau, mais bien celle de ses baisers se lovant sur sa nuque. Mnémosyne qui évoque en lui des souvenirs troubles où seules la fièvre et la chaleur avaient leur place. Proximité qui pourrait presque les raviver comme s’ils n’avaient plus rien d’un rêve, plus rien des chimères qu’il avait voulu vainement oublier, noyer sous d’autres. Craquement d’un corps qu’il voudrait lui-même tordre. Elle était là. Souriante, rayonnante. Allumant des feux qui auraient dû être morts depuis longtemps. Désirs qui surgissent d’un vide qui l’avait trop bouffé, de la carne aux entrailles et dans tout ça, il y a déjà beaucoup de trucs qui le foutent en rogne. Les abysses qui lacèrent, qu’elle a laissé sans se retourner. Cette envie de lui faire si mal pour plus qu’elle s’en aille. Ce feu qu’elle peut démarrer d’une simple œillade, d’un simple souffle. Le fait de savoir qu’il suffirait d’une simple friction échauffée entre leur peau pour qu’il oublie, cette souffrance, cette aigreur. Tout. Ces quatre ans. C’était beaucoup et si peu en même temps. C’est de trop pour Hélios dont l’épée ne tarde pas à venir rencontrer l’arme de l’atlante. On entend plus que leur fracas, celui du métal, rien sur celui que pourrait produire l’organe au milieu de la poitrine. Pourtant c’est lui qui tambourine. Les gestes se poursuivent, la lame trace des traits qui ne veulent rencontrer son épiderme, répandre sur le sol une rose ou deux, au nom de celles qu’il aurait pu lui offrir. Foule qui demande également ses pétales carmin qui ne veulent cependant pas couler ; épine triple qui empêche toute percée. La garde est solide, réclame plus d’effort avant d’être morcelée. Perdre. Insulte à sa stature, insulte à sa grandeur. La princesse se moque et rien que pour ça il pourrait la tailler en pièces, pour son audace, sans oublier cette chaleur pestilentielle qu’elle distille comme bon lui semble dans son être. Il esquive son trident alors que la voix de la princesse ne cesse de se faire entendre.

“You still don’t know when you need to shut up don’t you ?” qu’il grogne. Elle avait jamais su faire ça Meg, et c’est d’ailleurs ce qu’il aimait chez elle, l’impétuosité de cette lune qui ne daigne même pas s’éteindre face à la lueur imposante de l’hélios. Meg et sa langue venimeuse. Meg et sa dextre belliqueuse. Tant de choses qu’il aurait pu trancher s’il n’en aimait pas l’ardeur. Tant de choses dont il ne voudrait en réalité jamais se débarrasser. Multiples utilités découvertes à travers les âges. “The amazons should have teach you this !” Assault qui redouble. Il était facile de savoir que la princesse l’avait piqué, les mouvements n’avaient eu cesse de se métamorphoser, toujours plus violents, rapides, tranchants. Le calme n’avait plus lieu d’être. Brutalité implacable. L'épéiste voulait surmener la jeune femme, que ses doigts tremblent sur la prise de son trident, que ses coups résonnent du poignet jusqu’à ses vertèbres. Hélios était plus doué pour parler avec sa lame qu’autre chose, les gestes sont des mots qu’il lui balance violemment, ils traduisent tous quelque chose. Haine. un choc. Pourquoi. ça tranche. Le Manque. le pied se lève, veut cueillir l’estomac. Vide. esquive. Envie de toi. coup d’estoc. Rage d’aimer. attaques successives. Il veut la surmener,  la faire chavirer, la faire tomber dans le sable pour l'avoir enfin à sa merci. Il la reveut pour lui, et lui seul. Plus pour une nuit et quelque soupirs. Glaive qui se coince dans la prise de ses dents. Hélios en attrape le manche de son trident, là où les rames triples se forme avant qu’elle ne le désarme. Keraunos qui tire de toutes ses forces, se faisant source d’attraction pour la nymphe. Armes qui se détachent des poignes avant que les deux se rencontrent. Sans douceur. Il n’a jamais été réellement question de ça entre eux de toute façon. Il l’a fait ployer sous lui, ne lui laisse pas vraiment le choix, l'entrainant dans un chute. Il l'écrase, souhaite lui couper le souffle. Les deux roulent tendant de prendre l'ascendant. Soupirs et étreintes brutales. Poids supérieur qui le lui permet de le prendre au moins un instant. Poignets qu’il plaque dans le sable avec fureur. Sienne. “Give up Meg” n’y va pas. m'abandonne pas. échos muets.  

“You still don’t know when you need to shut up don’t you ?” Elle sourit, puis hausse les épaules. Enième provocation à son encontre. Le regard se fait malice alors que la danse du fer contre fer, ne cesse de valser. Le palpitant accélère à mesure que leurs corps se mouvent, se rapprochent l’un de l’autre. Elle peut sentir l’électricité danser au creux de chacun des coups du demi-dieu en face d’elle. Elle retrouve en lui le guerrier. “The amazons should have teach you this !” dit-il alors, redoublant d’assaut. Elle peut sentir le trident trembler entre ses mains, mais elle n’en démord pas. Les gouttes de transpiration viennent goutter peu à peu au niveau de son front et de ses épaules, alors qu’elle continue à résister. Les coups se font plus pressants, plus violents, et chaque esquive, chaque parade se fait plus difficile que la précédente. Mais la princesse n’en démord pas. Elle ne peut pas perdre. La princesse au Trident avait toujours réussi à vaincre, elle avait toujours su triompher. Le regard vacille légèrement, se perd dans la foule. Chaque spectateur est pendu à la rampe, épiant chacun des gestes des adversaires. Tous n’attendent qu’une seule et unique chose, savoir qui mordra en premier la poussière. Elle esquive un nouveau coup, et fait tournoyer le trident devant elle. Ses prunelles se posent alors sur une figure familière au milieu de la foule. Là, assise parmi les spectateurs, la silhouette l’observe. La figure se veut macabre, violacé par les affres d’un ancien combat. Les mains enchaînées, elle pointe pourtant un doigt dans la direction de Megara. Les sourcils s’arquent, tandis que l’Okeanos est prise de stupeur. Démon qu’elle observe au loin, ayant prit ses traits. L’esprit la déstabilise, l’empêche de parer la technique de l’Intrépide. Le trident s’échappe de ses mains, alors qu’elle est entraînée vers le sol. La musculature et le poids de l’élémentaire de la foudre viennent l’étreindre de toute leur masse. Elle tente de se dégager, arrive l’espace d’une seconde à le chevaucher, avant de rouler à nouveau dans le sable. Elle sent le souffle du prince se mêler au sien, râle bestiale qui semble s’échapper de leurs lippes alors qu’ils succombent à l’épiderme de l’un et l’autre. Elle bouge, tente de se départir du poids de l’Aethos, mais c’est impossible. Ses yeux se perdent dans la nébuleuse de ses yeux, avant qu’à la place d’Hélios le solaire, ne se trouve son double. Le doppelgänger la retient, le visage sans expression. Elles s’observent toutes deux, et le palpitant accélère. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, abbattue par cette figure tout droit sortie des Enfers. Le souffle accélère à son tour, et elle tente de détourner le regard, mais elle n’y arrive pas. Terreur qui s’empare d’elle le temps d’un instant. “Give up Meg” Elle sombre peu à peu dans les abysses de ses chimères. Se sentant à nouveau revivre ce qu’elle a vécu quelques nuits plus tôt. Alors qu’elle était entre les mains du culte, entre les mains de ces sorciers. Ils l’avaient battus, l’avaient torturés. Tout ça pour atteindre, celle qu’ils avaient nommés l’Héritière. Le titre reste gravé dans l’esprit de la princesse, qui s’enfonce un peu plus dans ses tourments. Elle n’était plus rien de la grandiose Insoumise. Elle n’était plus rien de l’héritière du trône d’Atlantis. Elle ne l’avait jamais été. Son royaume perdu, n’avait pas besoin d’elle. Il n’en avait jamais eu besoin. Le palpitant accélère à nouveau, et le souffle se fait plus court. La poigne se resserre contre ses poignets, avant que l’astre solaire ne vienne chasser la noirceur de ses ténèbres. C’est l’Hélios qu’elle revoit à nouveau en face d’elle. Ses prunelles se fondent dans les siennes à nouveau, comme ressaisie par un nouvel élan. Elle voit la galaxie dans ses yeux, les astres stellaires et solaire danser à l’unisson. Celle qu’elle avait vu plutôt, figure fantomatique d’un souvenir traumatisant, n’était rien d’autre qu’une illusion. « I won’t. » dit-elle comme prise d’un sursaut de vigueur. Le genou se cale entre les jambes du prince, exerce une légère pression, avant qu’elle ne balance son corps pour se retrouver sur lui. Les mains glissent sur l’épiderme du Keraunos, caresse plus que pression qu’elle lui inflige. La sensation est électrique, mais elle tente de ne pas s’y attarder. Too late. Le palpitant accélère, et elle se retrouve à nouveau dos sur le sol.

« And the winner is.. Aethos the Fearless ! Who would have thought? » souffle-t-il sur le ton de l’ironie. Elle se redresse et attrape son trident, jeté là sur le sol. La splendeur était lointaine, et la princesse avait perdu. C’est dans les coulisses de l’arène, qu’elle retrouve le prince. L’envie de fuir l’avait à nouveau saisie. Mais elle ne pouvait se résigner à continuer de courir, encore et encore. « You were better than last time. Good job. » dit-elle, tentant d’entamer la conversation. La voix se veut faible, moins assurée. L’ombre du double siégeait dans l’obscurité, Déesse vengeresse qui n’attendait toujours qu’à la détruire.